Terriblement Dark Romance, le contenu de ce recueil explore les limites, les addictions, les drogues dont la plus dure de toutes : l’amour. Des textes inédits autour de la dépendance affective, de la déchéance, de l’hybris, avec humour parfois. Jusqu’où le désir peut-il nous conduire avant, une fois satisfait, de nous éconduire pour d’autres ? Nos nouvelles explorent certains domaines, brouillards sombres en deçà de la conscience où la passion et la mort mènent le bal.

Cette année, vous retrouverez quelques plumes connues de nos éditions ainsi que des nouveaux talents à suivre. Pour, nous l’espérons, vous donner l’envie d’acheter l’anthologie, voici des extraits et résumés des 14 histoires dark romance de ce volume II.

Saison du Cancer, Amy Waldo

« Il y avait juste 1m92 sur son profil et il m’a invitée à aller promener son chien le long des grillages de la gare, mais uniquement si j’avais des talons et une jupe crayon. J’aime bien les gros chiens donc j’ai dit oui. »

La narratrice est hantée par la présence de son copain mort. Partir en date comme forme d’anesthésie, pourquoi pas. Se retrouver mal accompagnée dans un train, pourquoi pas. Oublier l’absence, jamais.

L’Amaryllis décapitée, Bastian Florian Rohr

« Quand vint le moment d’empaler ma dernière tige sur son aiguillon métallique, je me décidai enfin à croiser le regard de Maîtresse Okada. Ses pupilles débordaient de tendresse sincère. J’aurais juré à cet instant qu’elle avait lu dans mes pensées, voire carrément transpercé mon âme médiocre. »

Bastian Florian Rohr, enseignant d’Ikebana au Japon, nous invite à découvrir l’univers codifié de cet art floral à la cruauté insoupçonnée au travers des yeux de Yasuno Nakashi, une jeune apprentie qui désire lever le tabou sur l’amaryllis.

Fragments de Désir, Ella Rijmenbeek

« Je suis une solitude, tu es une solitude. Deux solitudes ne se rencontrent jamais. Une rencontre se fait à la surface de nous-mêmes comme deux peaux qui se touchent, mais tout ce qu’il y a sous la peau reste invisible à l’autre. Je ne dis pas que deux peaux qui se touchent ne puisse pas être sublime. Je dis simplement qu’un solitaire occupe en lui-même un espace plus large, plus profond, où il ne rencontre jamais personne. »

Des fragments d’une relation amoureuse dérivent dans l’espace qui sépare les amants. Elle, passionnée et passionnément charnelle, lui écrit. Nous partageons avec Elle ces moments d’intimité, de doute, de joie, quand la complicité est là, et quand elle s’en va.

D’Corp’S’pendances, KaMykaz

« Il est phallocrate, musulman, d’un conservatisme flagrant ; quoique bien dissimulé sous de faux-semblants. Le burkini y surplombe le bikini, le port du string est banni, il est le pays où je vis. Le pays, où une quadra peine à satisfaire ses besoins de femelle comme il se doit. Le pays où une femme libérée se voit traiter de traînée, de pute, de dévergondée. Nos envies sont qualifiées de dissolues, elles ne sont aucunement les bienvenues, dans ce Maroc, où le non-dit est une règle absolue. »

KaMykaz ose s’inscrire sur FetLife. Elle y aborde cet Autre qui, au fil d’une relation épistolaire, semblerait satisfaire tous ses besoins. Deux trajectoires hyperboliques qui veulent échapper au poids de la société. Peuvent-elles se rejoindre ?

Martin au Pays des Merveilles, Alice Rameliet

« Martin n’avait jamais aimé Halloween. Une fête trop commerciale, où chacun se sentait le besoin de s’enlaidir. Il ne comprenait pas la fascination qu’on pouvait avoir pour la monstruosité et la métamorphose. Pourtant Fiona et ses seins de Wonder Woman avaient réussi à lui faire accepter l’inacceptable. »

Retrouvez le style coquin d’Alice Rameliet dans cette nouvelle qui met en scène Martin (dont vous pouvez lire les aventures dans « Martin à la campagne » , premier roman de l’autrice). Cette soirée d’Halloween promet maintes débauches, mais de là à effleurer le monde de Monique Wittig, il suffit de suivre le lapin blanc.

La Cadence du Bonheur, Malice

« Dans la vie, il faut dire que la drogue, c’est mal. Il faut le dire en le pensant vraiment, sinon, ça ne fonctionne pas. Cependant, ce serait faire preuve d’une facilité suspecte. Les gens ne s’en rendent même plus compte, car ils aiment la simplicité. C’est doux, c’est calme, ça ne remue pas trop. Mais la drogue, non, ce n’est pas mal. En tout cas, pas essentiellement. La drogue, c’est un putain de pouvoir qu’on te donne. […] Nous vivons dans une société sexiste, laquelle nous impose, à nous les femmes, d’être désirables, et jolies, même pendant le sexe. On nous demande de lâcher prise, mais sans jamais oublier qu’il faut être belle. Tout le temps.»

Malice, après « De l’Essence du Risque » publié dans le volume I, recharge en MDMA. Nina et Tristan, les deux protagonistes, continuent leurs expérimentations sensuelles toujours plus loin, toujours plus amoureux l’un de l’autre.

Faire l’Amour sur un cercueil, Jonathan Gattone

« Le pénis a ses raisons que la raison ne connaît point. Cette expression grivoise résume ce que Nicolas ressentait pour Damien, l’homme de ses fantasmes. Malheureusement, tout les séparait. Damien était un étudiant médiocre qui préférait traîner à la cafétéria pour boire des cocktails et draguer des nanas, ou bien jouer au foot avec des potes. Ce macho était très drôle, sympathique et extraverti. À l’inverse, Nicolas correspondait au cliché de l’intello avec des lunettes. »

Une occasion se présente pour Nicolas : enfin passer du temps avec Damien, et, qui sait, se rapprocher de lui. La soirée prend une tournure inattendue quand le macho lui propose un marché difficile à refuser.

Près de l’Os, Hélène Goffart

« Allongée nue sur le lit dans la chambre claire, Natacha patiente, immobile statue de chair. Elle a arrêté de compter les jours qui s’entassent derrière elle comme autant de détritus depuis que Félix est parti. Il étête des sapins dans le Nord, c’est ce que font les bûcherons. Et elle, elle suspend sa vie dans la longue attente. »

Natacha est prise au piège dans une relation extrême, dont elle n’a conscience. Objet de désir, aura-t-elle la clairvoyance nécessaire pour sortir de sa prison et redevenir une personne à part entière ? La liberté, une fois abandonnée, peut-elle être reconquise ? À qui appartient le pardon ?

Le désir par Ricochet, Jeannin Graciet

« J’ai de grandes difficultés à dissocier le bien du mal. Est-ce une circonstance atténuante ? Je plaide coupable par envoûtement, complice de bien entendu. La puissance du désir devrait être prise en compte en droit pénal. J’écris ses mots à la recherche d’un mea culpa. Une explication comme rédemption. Une tentative d’échapper au pire, sans être sûr qu’il ne m’effraie. »

La recherche du plaisir de Seyda, une femme aux abords normaux, est couplée avec celle du pouvoir sur l’autre. Jusqu’où la suivriez-vous si vous en étiez éperdument amoureux ?

De la Poudre pour les Anges, Nine P. Steiner

« Les basses m’extirpent des circonvolutions rougeoyantes de mon cerveau. Une lumière opaque filtre à travers mes paupières mi-closes. Mes membres pèsent, lourds, immatériels. Je tente de lever le bras, pas sûre d’y arriver. »

Après « orgasmes et perdition », Nine P. Steiner nous plonge dans cette nouvelle au sein d’une nuit avide de sensations, quand le temps presse de s’amuser, de séduire, d’entrer en excès comme d’autres en religion, de lâcher prise de son être. Mais peut-on vraiment s’évader de la vie quotidienne ?

La Chose, Lotte Sardane

« Il était long et sinueux, bien plus gros que tout ce qu’elle avait vu dans le genre. Mais surtout, il était d’une couleur extraordinaire, bigarrée comme la peau d’un animal fantastique. Avec ses rugosités, la matière évoquait, elle, la peau de quelque saurien préhistorique, mais au toucher, il était très doux. »

Utiliser des sex-toys est une pratique courante, surtout pour Maëlys qui est entrée dans un long célibat. Savoir que « tout ça » marche encore et donne du plaisir, un tant soit peu honteux. Fantasmer, jouer à s’inventer un partenaire parfait (même s’il est quelque peu… étranger à notre monde!), s’inventer sa norme à soi…

Mon Cœur, l’Abbé Dés

« Mon cœur, ma tendre beauté. Je vais lui faire l’amour encore et encore. Des heures durant. Avec tendresse, avec sauvagerie. J’aime la voir dans la lingerie la plus érotique qu’elle ait, et l’effeuiller avant ça. Doucement d’abord, puis accélérer. Poser un foulard sur ses yeux, la priver d’un sens pour qu’elle puisse se concentrer sur les autres. »

Un récit de possession dans un couple. Une soirée échangiste fera basculer leur fragile équilibre. Pris dans l’action et par un sentiment de toute puissance, auquel l’abus de C n’est pas étranger, il franchira limite après limite jusqu’à l’indicible.

La Vie intime de Bianca, Camille Lerroy

« La biologie, et plus particulièrement l’anatomie, me passionnent toujours. J’ai trouvé ma voie. J’entre en pharmacie, je quitte toute vie sociale et source de plaisir. Il ne se passe rien, mis à part une tête qui se remplit et mon sexe qui s’humidifie régulièrement. Je découvre la masturbation, en profondeur. Durant mon adolescence, j’avais fait quelques tentatives d’exploration mais mon sexe restait sec. Avec mes doigts ou des objets. Une nuit d’intense effort intellectuel, je frotte mon sexe sur la chaise. J’insère ma main dans mon slip. C’est bon. »

C’est un récit de vie, celle de Bianca, depuis son âge le plus tendre jusqu’à la maturité. Nul regret dans son histoire, qui l’amènera des premières découvertes de sa sensualité aux expérimentations, à être amante par choix, dominatrice par jalousie. La transgression, un mode de liberté ?

Le Choix, Victoria Aschème

« Dans la boite, il faisait une chaleur insoutenable. Les chanteurs de musique commerciale braillaient dans les enceintes. L’endroit était immense. Ils s’étaient commandés une bouteille de vodka Redbull, parce que certains ne buvaient pas autre chose. »

Marjorie profite de la vie, des amis, en teuf, en boite, et vole d’homme en homme – elle a toujours été en couple d’aussi longtemps qu’elle se souvienne. C’est plus que son style de vie, s’en est l’essence même. Une fête en remplace une autre, succession de visages et de soirées oubliés. Le bonheur, non ?

Recueil Trete-et-un/Dix, volume II